Sonia Reimelt : « C’est plus facile pour une femme d’intégrer le secteur des technologies »

Sonia Reimelt ne s’est jamais intéressée à autre chose qu’à l’informatique et aux technologies. La responsable des tests chez Swisscom transmet son enthousiasme en tant que mentore pour TecLadies. Une initiative appréciable tant il manque cruellement de modèles féminins alors que les opportunités dans le secteur des technologies n’ont jamais été aussi bonnes pour les femmes.

Auteur Digicomp
Date 23.06.2022
Temps de lecture 8 Minutes

Depuis 7 ans, Sonia Reimelt est spécialiste du testing chez Swisscom, qui fait progresser à l’interne l’égalité des sexes et organise des événements et des cours réservés aux femmes. Lors d’un de ces événements, Sonia découvre Swiss TecLadies, en recherche constante de nouvelles mentores.


Sonia Reimelt, Swisscom

Depuis 2020, Sonia Reimelt s’engage en tant que mentore et collabore avec Sandra Weidmann, économiste d’entreprise et responsable opérationnelle du programme de mentorat dont la 3e édition commencera en septembre prochain.

Sandra aussi a un parcours dans les technologies : elle a commencé sa carrière en travaillant pour IBM dans le secteur de la vente. Elle combine aujourd’hui son intérêt pour la tech avec le domaine de formation ad hoc chez Swiss TecLadies.


Sandra Weidmann, Swiss TecLadies

Dans cette interview croisée, Sonia Reimelt et Sandra Weidmann parlent des causes de la forte différence d’intérêt pour la technique chez les garçons et les filles et discutent comment donner de l’assurance aux filles pour se lancer dans le domaine technique.

Selon vous, est-ce que c’est plus facile ou plus difficile pour les femmes de s’intégrer dans le secteur des technologies ?

Sonia : Je pense que c’est plus facile pour les femmes – parce qu’il y en a très peu. De nos jours, le secteur de l’informatique éprouve de grandes difficultés pour recruter du personnel qualifié. De plus, depuis quelques années, on remarque un changement dans le monde du travail : la tendance est aux équipes hétérogènes et agiles et aux hiérarchies horizontales. Dans une telle constellation professionnelle, c’est encore plus facile pour les femmes – car en règle générale, elles ne font pas preuve d’ambition égoïste, mais œuvrent pour le succès de l’équipe.

Sandra : Être une femme n’est vraiment plus un désavantage. De nombreuses entreprises encouragent la diversité – si une femme veut un poste, elle a de très bonnes chances de l’obtenir. Cependant, le chemin qui y mène est encore très difficile, car il y a encore beaucoup d’obstacles à surmonter.

Quelles sont vos expériences ? Avez-vous été prises au sérieux par vos collègues masculins ou avez-vous dû tout d’abord vous imposer ?

Sonia : Personnellement, je n’ai eu que très peu de mauvaises expériences de collaboration avec des collègues masculins. Les femmes peuvent rencontrer des difficultés lorsqu’elles désirent monter en grade. De nombreux hommes veulent faire progresser leur carrière et mettent les femmes de côté. Mais je ne suis pas du genre à me laisser marcher dessus.

Sandra : Si je repense au temps où je travaillais pour IBM, les femmes spécialistes en informatique étaient tout autant prises au sérieux que leurs collègues masculins. Les quelques femmes qu’il y avait à l’époque étaient même particulièrement mises en avant. Se faire accepter n’a jamais été le problème, en ce qui me concerne.

Avez-vous été épaulées par une ou un mentor dans votre parcours ?

Sonia : J’aurais bien aimé avoir une mentore, mais je n’en ai malheureusement jamais eu.

Sandra : J’ai toujours eu différents mentors, également masculins, qui m’ont soutenue. Chez IBM, c’étaient avant tout de jeunes cadres supérieurs qui avaient déjà changé de mentalité sur la question.

Il y a beaucoup de clichés qui circulent sur les femmes dans l’IT. Quels sont ceux que vous ne voulez plus entendre ?

Sonia : Les préjugés spécifiques à l’IT ne me dérangent pas autant que les présomptions et injonctions sur les femmes en général. Par exemple, que les femmes aiment le shopping ou qu’elles doivent se comporter d’une certaine manière.

Sandra : Ça me révolte souvent d’entendre que les femmes ont par nature des compétences numériques inférieures ou alors que les femmes démissionnent après leur premier enfant parce qu’elles n’arrivent pas à concilier vie de famille et vie professionnelle. Ce sont des visions tout à fait archaïques.

Grâce à Swiss TecLadies, vous êtes en contact avec des jeunes. Est-ce que l’intérêt pour les technologies est différent pour les filles et les garçons ? Comment contrez-vous cette différence ?

Sonia : Il y a en effet de grandes différences. La question n’est cependant pas de savoir s’il y a un intérêt chez les filles, mais bien si on leur propose de s’orienter vers la technique. Ça commence déjà avec les jouets, où on remarque une séparation claire entre les deux : les garçons devraient jouer avec des robots et des LEGO Technic alors que les filles devraient se déguiser en princesses. C’est très difficile de lutter contre ça. En tant que mentore, je cherche à insuffler aux filles la confiance nécessaire pour s’essayer à des choses techniques.

Sandra : Ces différences sont liées aux stéréotypes solidement ancrés dans la société. C’est la raison pour laquelle les filles n’osent pas autant que les garçons. Il n’y a pas de raison logique qui expliquerait que les filles s’intéressent plutôt aux poupées qu’à la technique. Les responsables de l’éducation et les parents – en réalité l’ensemble de la société – doivent être sensibilisés à cette problématique.

Imaginons qu’une fée de la tech existe : quels souhaits pourrait-elle exaucer ?

Sonia : Qu’il y ait plus d’orientation vers la technique pour tous les enfants, peu importe leur genre, afin que tous puissent tester si c’est quelque chose qui les botte.

Sandra : Que les filles osent bien plus ! Qu’elles envisagent de manière beaucoup plus naturelle les domaines techniques dans leur choix de carrière et découvrent ainsi la folle diversité de domaines d’activité dans la technique.

Complétez la phrase suivante : si plus de femmes travaillaient dans le secteur des technologies, alors …

Sonia : … il y aurait suffisamment de figures modèles pour attirer encore plus de femmes vers l’IT.

Sandra : … il y aurait encore toujours suffisamment à faire pour motiver l’intérêt et la compréhension des jeunes pour le domaine des technologies et contrer activement le manque de personnel qualifié.

Women for Tech

Comment motiver des femmes talentueuses à s’orienter vers le secteur informatique et les technologies ? Par exemple avec des figures modèles. Dans notre série d’interviews « Women for Tech », Digicomp présente des femmes courageuses et créatives qui ne manqueront pas de vous inspirer.

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