En 40 ans, il s'en passe des choses

Je ne vous cache pas ma surprise, lorsque j’ai réalisé que Digicomp fêtait cette année son 40ème anniversaire. Dans un marché complexe en perpétuelle mutation, cette performance est pour le moins exceptionnelle : elle témoigne de toutes ces personnes qui ont œuvré en faveur de la formation et du nom de Digicomp en apportant innovation, enthousiasme et passion. Je suis fier de travailler pour Digicomp depuis 20 ans déjà et de pouvoir transmettre mes connaissances dans différents cours à des participants intéressés.

L’heure n’est pas ici au récit des 40 dernières années, mais plutôt à la réflexion, pour se demander à quoi pourrait ressembler l’informatique dans 40 ans.

Ce n’est pas une question évidente, loin de là. Si je cherche dans mes souvenirs, et j’ai aujourd’hui 45 ans, l’informatique n’était à l’époque qu’à ses balbutiements, rien ne laissait présager le multimédia et autres outils à la pointe de la technologie. Bien au contraire, nous regardions nos trois chaînes de télévision, encore en noir et blanc, et il fallait se lever pour changer de chaîne. Chez nous, le téléphone avait un cadran et nous connaissions les numéros de téléphone de nos amis et de notre famille par cœur, à moins de consulter le répertoire posé à côté du combiné. Si le progrès faisait à nouveau un tel bond, il est fort à parier que dans cinq ans, les technologies de Star Trek seraient intégrées à notre quotidien et que nous pourrions nous téléporter où bon nous semble.

Le progrès vs la consommation

Certains thèmes suscitent régulièrement de vives polémiques parmi mes amis.

L’exemple des smartphones

Prenons d’un côté Apple et le succès phénoménal de son iPhone. Difficile de croire que le tout premier iPhone a vu le jour en novembre 2007 et qu’il a changé la donne sur le marché de la téléphonie mobile. En l’espace de quelques mois, des entreprises comme Nokia, pourtant renommées et leaders sur le marché, ont jeté l’éponge, car elles n’avaient pas vu venir cette nouvelle ère. 10 ans plus tard, je regarde le dernier iPhone X. Il est élégant, il coûte cher, il est bien entendu léger, il dispose d’un excellent appareil photo et d’une grande capacité de stockage. Est-ce pour autant une innovation technique révolutionnaire ? Nope. Il ne possède rien d’avant-gardiste, du moins en apparence.

J’ai bien plus le sentiment que la technologie s’adapte autant que possible à la consommation frénétique. En d’autres termes, on nous abreuve sans cesse de nouveautés avec juste ce qu’il faut d’innovations simples au risque de ne pouvoir les vendre.

Et soyons clairs, aucun fabricant de smartphones n’y fait exception.

L’exemple des véhicules électriques

Penchons-nous à présent sur les véhicules électriques. Ils sont présents sur le marché depuis 14 ans et on a vu différents concepteurs tenter leur chance à coup de modèles et variantes. Pour un résultat peu probant. 2003 est aussi l’année où Telsa entre dans la course. 14 ans plus tard, l’entreprise offre un excellent véhicule au prix d’une voiture de luxe ayant une autonomie dépassant tout juste les 500 kilomètres. Cette information est pratiquement aussi fiable que les taux de CO2 des moteurs diesel des constructeurs allemands. Mais 14 ans plus tard, le marché florissant des voitures électriques reste une chimère. De plus, on ne peut que spéculer sur le rôle de l’industrie pétrolière et automobile dans l’évolution lente de ce domaine.

Multiplier les évolutions, oui. Des révolutions, non

Dans les 40 prochaines années, l’informatique se fondera aussi sur ces deux exemples pour poursuivre son développement continu, en cherchant sans cesse à avancer par petites étapes couronnées de succès au détriment de grandes révolutions. N’oublions et ne sous-estimons jamais que c’est l’homme qui est toujours au centre de chaque progrès. Les grands changements nécessitent de passer le relais à une nouvelle génération. Cette transition est certes liée à une compréhension technique, mais également à l’éducation et à l’idéologie de chacune des générations. Vous êtes à coup sûr marqué vous aussi par des habitudes héritées de votre génération.

Dans 40 ans, tout sera différent

Malgré les circonstances que nous venons d’évoquer, l’informatique poursuivra inexorablement son évolution et Sa centralisation sera inéluctable. L’informatique telle que nous la connaissons et la vivons chaque jour ne sera plus qu’un lointain souvenir. Elle sera omniprésente, dans chacune de nos activités, sans elle, le monde sera impensable. Mais surtout: nous vivrons cette évolution sans en avoir conscience, sans connaissances spécifiques, simplement de manière intuitive en suivant le cours des choses.

Notre sphère professionnelle et notre environnement quotidien vont fusionner; nous ne travaillerons plus autant, mais viserons une efficacité maximale pour conserver l’équilibre entre notre vie professionnelle et notre vie privée. Fini le stress des trajets jusqu’au travail, le pilote automatique de notre voiture nous y emmènera sans courir après le temps et sans bouchons ! Mieux encore, notre maison nous servira pour le travail à domicile : à l’aide des dernières technologies vidéo, nous voilà connectés à un bureau virtuel dans lequel nous côtoyons nos collègues. Nous pourrons y échanger avec eux et aurons l’impression de nous trouver dans notre bureau habituel, sans même disposer d’un lieu de travail physique. Le monde se transformera en un village dans lequel nous pourrons entrer en contact les uns aux autres, à tout instant. Nous y découvrirons des pays et des cultures sans jamais y avoir été.

Cela sera-t-il mieux qu’aujourd’hui ? Impossible de répondre à cette question. Et la prochaine génération ne se la posera même pas, car elle n’aura rien connu d’autre. J’aurai 85 ans. Grâce aux progrès de la médecine, je serai dans une forme olympique, savourant un smoothie ultra-sain sur une plage virtuelle et contemplant mes enfants et leurs petits-enfants à leur travail.

Sur ce, joyeux anniversaire à Digicomp et à lui souhaiter que les 40 prochaines années restent aussi passionnantes, fructueuses et intéressantes.